Et si tu t’interroges sur la vie présente, sache qu’elle est, certes, séduisante et son poids est plus léger qu’une aile de moustique.
Et si tu t’interroges sur la vie présente, sache que son bonheur est, certes, mélangé de mal, de misère et de dépérissement.
Comment peut-on être fier d’une telle vie alors que la mort est là, et aussi les monstruosités et les atrocités de l’après mort.
Il en déduit que l’homme n’est qu’un étranger de passage pour une courte durée dans ce monde comparé à une veille femme sous la robe d’une jeune mariée, cachant son apparence trompeuse.
Tel une veille femme sous les habits d’une jeune mariée. Le revers de ce bas-monde, autrefois, sur les devanciers est terrifiant.
Donc sa préoccupation majeure dans cette vie doit être exclusivement réservée à son retour.
Prend-la pour un passage que tu franchis et non un abri que tu prospères, sache que tu es un étranger.
- Les joyaux suffisants / Al-jawâhir Al-kâfiyya
L’inspiration, l’imagination et la créativité sont de pures constatations dans la production littéraire d’EL Hadji Malick SY qui fut un véritable génie de la littérature arabe. Et le génie seul invente et produit.
Si Qâdi Madiakhaté kala a été le premier savant au Sénégal à inventer et produire sur la métrique arabe un chef-d’œuvre intitulé « Mubayyin Al-ishkâl[1]» en se conformant aux règles conventionnelles, la stricte observance de ces mêmes règles a permis au maître de Tivaouane d’être le deuxième savant à produire savamment sur cette même matière deux grandes œuvres, sources autrement fécondes d’inspiration et d’imagination, dont la méthodologie continue à inspirer apprenants et universitaires. Et de manière complète et précise, il donne lui-même le titre du poème au sixième vers :
[12] Né en 1835 au village de keur Makala, il fut un grand et brillant savant de la religion islamique au Sénégal dont la réputation lui attira beaucoup d’apprenants qui deviendront de grands érudits de cette contrée. Il est aussi l’auteur d’une production littéraire très riche. Il fut rappelé à Dieu en 1900.
Par Allah, je compose les joyaux suffisants pour enseigner les règles de la métrique
qui mettront en lumière les codes de Khazrajî, notre Imâm. Que l’agrément d’Allah, l’Eternel soit sur lui.
En poète inspiré, EL Hadji Malick SY a utilisé le registre didactique pour contribuer à la vulgarisation et à la pérennisation de cette matière qui était très rare à cette époque. Elle se caractérise particulièrement par :
- une sublimité et une splendeur des images qui donnent au style toute son élévation,
- une générosité et une chaleur dans l’inspiration,
- une parfaite connaissance très étendue de la langue arabe,
- une intelligence des règles et des conditions essentielles de l’art métrique ; tout y est dans une parfaite symbiose.
Ce poème qui allie l’esthétique à l’engagement est le fruit d’un échange entre Qâdi Madiakhaté kala et EL Hadji Malick SY. Un jour, ce dernier avait ouï dire que le maître Qâdi avait produit un chef d’œuvre sur la métrique arabe. Il écrivit une lettre à ce dernier pour le lui emprunter. Lorsque la lettre arriva, le Qâdi retourna la lettre et écrivit ceci :
[12] Né en 1835 au village de keur Makala, il fut un grand et brillant savant de la religion islamique au Sénégal dont la réputation lui attira beaucoup d’apprenants qui deviendront de grands érudits de cette contrée. Il est aussi l’auteur d’une production littéraire très riche. Il fut rappelé à Dieu en 1900.
