Fiqh tidiane

Réponses pour les Réparations (Jabr)

01 – Si on doute du nombre effectué peut-on le réparer ou non ? Oui, pour cela on doit tout d’abord se baser sur la certitude (c’est-à-dire le nombre inférieur) et quand on finit le Dhikr, on met l’intention de réparer (Niya Jabr) et on récite 100 fois « Astaghfîrou-llah ».

Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit : « Celui qui doute dans le rajout ou la diminution qu’il construise sur la certitude puis il rajoute 100 Istighfar en mettant l’intention de réparer, certes cela réparera » (Ifadat-l-Ahmediya).

02 – Celui qui manque un pilier de l’oraison par oubli, par exemple en commençant par la prière sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), il reprend le pilier de l’Istighfar (demande de pardon) puis fait celui de la prière du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Une fois complété l’ensemble de son oraison, il répare avec 100 Istighfar en mettant l’intention de réparer. Par contre, si ce manque est volontaire et non par oubli, alors l’oraison est nulle.

Celui qui rajoute au pilier dans le nombre par oubli, alors il répare en faisant 100 fois l’Istighfar avec l’intention de réparation (Niya Jabr), si ce rajout est volontaire, alors l’oraison est nulle.

Celui qui constate une ou plusieurs perles manquantes dans son chapelet avec lesquelles il accomplissait ses oraisons, la règle est que s’il connaît le nombre de jours exact alors son rattrapage est une nécessité. Par contre s’il ignore le nombre de jours alors certains ont mentionné qu’il doit accomplir 600 fois « Astaghfîrou-llah » + 3 fois Djaouharatou-l-Kamel cela lui réparera tout manque et rajout.

Hajj Hassan Ba’qili, quant à lui, dit dans Al Ira-at que celui qui constate un manque dans sa Soubha sans savoir depuis quand cela remonte alors il doit se contenter de rattraper seulement les Lazim concernant sa dernière journée. Il dit aussi que celui qui constate un ou plusieurs grains en plus dans sa Soubha sans savoir depuis quand alors il accomplit 100 fois la formule « Astaghfîrou-llah » avec l’intention de réparer l’ensemble que couvre cette durée. (El Ira-at de Hajj Hassan Ba’qili)

03 – Lorsque l’on a un doute ou un oubli sur notre réparation (Jabr), on ne le recommence pas. (On peut faire précéder les 100 Istighfar par 1 Fatiha et 1 Fatihi sans que ce soit pourtant nécessaire)

04 – Celui qui n’était pas en état de Présence (Houdour) lors de l’accomplissement d’un acte obligatoire ou méritoire, il peut réparer cela en récitant 3 fois Djaouharatou-l-Kamel avec l’intention de réparer (niya jabr) après l’accomplissement d’un tel acte.

La Présence est l’âme des œuvres, c’est pourquoi les 3 Djaouharatou-l-Kamel doivent être lues avec toute la Présence possible comme l’a dit Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Cette réparation de la Présence, par Djaouharatou-l-Kamel, est particulière aux gens de cette voie, ainsi celui qui répare son manque de Présence avec cette méthode, il lui est compté son adoration avec la Présence et il est récompensé pour son adoration comme l’est le Connaissant plongé dans la Présence Divine.

Si c’est l’heure de la prière la personne poursuit son Dhikr jusqu’à ce que l’Imam se lève pour la prière, il repère le grain où il s’arrête et après la salutation finale de la prière il reprend directement son Dhikr d’où il l’a arrêté (comme c’est le cas pour le tawwaf au moment de la prière), il doit prendre soin de ne pas parler entre temps.


Hadra du Vendredi (ou Haylala ou Asrou)

Le temps d’accomplissement de la Hadra du Vendredi

Il ne s’accomplit que le vendredi, et seulement entre la prière du ‘Asr et du Maghreb, le meilleur moment étant de lier sa récitation à la venue du Maghreb.

Remarque :

S’il n’est pas fait dans ce temps, sans excuse valable (c’est-à-dire entre le ‘Asr et le Maghreb) le disciple doit savoir alors qu’il a laissé passer un énorme bien qu’il ne peut rattraper comme l’a annoncé Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret).

Le pilier du Heïlala

1. Le pilier :

La proclamation de l’Unicité par la parole : « Lê ilêha ila llah ». Il est un devoir de clôturer le dernier grain par la formule « Mouhamadou rassoulou llah ‘alaîhi sallamoullah ». Il est possible de la réciter de la prière du ‘Asr jusqu’au coucher du soleil sans nombre précis ou d’attendre une heure et demie environ avant le Maghreb pour la débuter jusqu’à atteindre ce moment ou encore de le faire selon un nombre précis qui n’est pas inférieur à 1000 fois jusqu’à plus.

Il est à noter aussi que certains savants tel Cheikh Omar Foutiyou (qu’Allah l’agrée) dans son Rimah ainsi que Hajj Hassan Ba’qili dans son Ira-at, précisent qu’il est possible d’évoquer aussi avec le Ismou Moufrad « Allah » soit en duo avec la parole « Lê ilêha ila llah », soit seul sans cette parole. Cependant, du vivant de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ce ne fut que la parole « Lê ilêha ila llah » qui fut évoquée jusqu’à sa mort et c’est ce qui est toujours accompli dans la noble Zaouiya de Fès ainsi qu’à ‘Aïn Madhi.

Remarque :

– Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a écrit à Sidi Ibrahim Riyahi (qu’Allah l’agrée) lui autorisant à réciter jusqu’à 2000 fois la Heïlala. Ce chiffre lui est particulier. Les gens de Fès accomplissaient 1000 fois la Heïlala jusqu’à nos jours.

– La branche de Sidi Mohamed El Hafidh Chinguitti accomplit 1200 fois.

– L’Imam Nadhifi accomplissait 300 fois à la suite de l’autorisation qu’il reçut de l’esprit de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), mais cela est aussi particulier.

Il a été dit aussi :

-Par Sidi Mohamed Ibn Mechri (qu’Allah l’agrée) de 1500 fois à plus.

-Par l’auteur de « Jaichoul Kebir » 1200 fois.

-Par Sidi Mohamed ibn Abi Nasser El ‘Alawi (qu’Allah l’agrée) 1000 fois.

Le célèbre fqih Kensoussi (qu’Allah l’agrée) a dit : « Celui qui récite moins de mille fois serait comparable à celui qui fait la prière du Dhor en trois rak’at, alors qu’elle est de quatre ».

2. Les formules méritoires :

Certains compagnons débutaient le Heïlala par :

– La formule de refuge contre Chaïtan puis la Fatiha.

– Puis 1 ou 3 fois la demande de pardon avec la formule de la Wadhifa.

– Puis 1 ou 3 fois Salat Fatihi.

Ensuite, ils enchaînaient par la formule de clôture puis ils débutaient la récitation du pilier, car conformément aux dires de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le ‘Asrou est construite selon la règle utilisée par la Khalwatiya dans leur oraison qui la débute et la clôture avec le Qoran. De même le ‘Asrou était accompli conformément aux règles pratiquées dans la Khalwatiya tel le balancement du corps suivant le rythme de l’évocation ainsi que le fait de se lever en l’accomplissant debout, et ceci, du vivant de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) comme après sa mort par ses compagnons.

Puis, devant l’excès des innovations qui vît le jour en pleine assemblée, Sidi Mohamed El Kebir (alors Khalife mondial) et son frère Sidi Mahmoud, tous deux petits-enfants de Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), envoyèrent une lettre aux gens de Fès leur ordonnant d’abandonner la règle de se conformer aux pratiques de la Khalwatiya et de se contenter de réciter à la suite la Heïlala. C’est ainsi qu’est désormais pratiqué le ‘Asrou à Fès comme à ‘Aïn Madhi et ailleurs.

La clôture peut s’accomplir comme suit :

– La formule de refuge contre Chaïtan puis la Fatiha.

– Puis 1 ou 3 fois Salat Fatihi et on rajoute le verset « Inna Allaha wa malaïkatabou […] ». On clôture par la prière sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) ainsi que les derniers versets de la Sourate Saffat : « Soubhana rabbika rabbil ‘izzati […] ». (Il existe des variantes).

Par rapport au mérite du dernier verset de la sourate Saffat (que l’on récite pour clôturer les oraisons) il est rapporté de ‘Ali ibn Abi Taleb (qu’Allah l’agrée) qu’il a dit :

« Celui qui veut rassembler tout le poids de ses œuvres dans la balance le Jour du jugement, que ses dernières paroles soient, lorsqu’il se lève d’une assemblée : « Gloire à ton Seigneur, le Seigneur de la puissance. Il est au-dessus de ce qu’ils décrivent ! {180} Et la paix sur les Messagers, {181} et louange à Allah, Seigneur de l’univers ! {182} » (Sourate 37 Les rangées, versets 180 à 182) ».

– Les devoirs et les actes préférables sont les mêmes que pour la Wadhifa.

Concernant la pose du drap durant l’accomplissement du ‘Asrou cela ne se faisait pas du vivant de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) comme l’a stipulé Cheikh Idriss El Iraqi, mais il est posé à ‘Aïn Madhi du début à la fin.

– Le rattrapage lorsqu’on arrive en retard pour la récitation en groupe du ‘Asrou :

Lorsqu’on arrive en retard pour le ‘Asrou on récite, avant de rejoindre le groupe dans leur récitation : Fatiha + « Astaghfiroullah el ‘Adhim alladhi lê ilêha ila Houwa el Hayyou-l-Qayyoum » (1 ou 3 fois) + Salatou Fatihi (1 ou 3 fois) puis la formule de clôture « Inna Allaha wal malaïkatahou […] » ensuite, on récite avec eux.

– Voici l’exemple du ‘Asrou tel qu’il est pratiqué à Fès :

DOU’A D’OUVERTURE :

« Allahoumma inni nawaïtou tilawata hêdhal ouirdi ta’dhiman wa ijlalan laka wabtigha mardatika wa qasdan li wajhika-l-karim, moukhlisan laka min ajlika wa aqoulou bi imdadika wa ‘aounika wa houalika wa qouwwatika wa ma wahabtani min in‘amika wa taoufiqika mousta’inan bika » (La dou’a est récitée à voix basse.)

– A’oudhou billêhi mina chaïtani rajim.

– Sourate « El Fatiha » +Amin 1 fois.

– Salat Fatihi 1 fois

« Soub-hana rabbika rabbil ‘izzati ‘amma yasifouna wa salamoun ‘ala-l-moursalina wa-l-hamdou lillêhi rabbi-l-‘alamin » (Sourate 37 Saffat, versets 180-181-182).

– 1000 fois LA ILEHA ILLA ALLAH puis, à la 1000ième, ajouter : « Mohamadoun rassouloullah ‘alayhi salamoullah ».

– Formule de clôture :

« Inna-llaha wa malaïkatahou yousallouna ‘ala nabiyi, ya ayyouha ladhina amanou sallou ‘alaïhi wa sallimou taslima » (Sourate 33 El Ahzab, verset 56).

– Salla-llah ‘alaïhi wa ‘ala êlihi wa sahbihi wa sallama taslima 

« Soub-hana rabbika rabbil ‘izzati ‘amma yasifouna wa salamoun ‘ala-l-moursalina wa-l-hamdou lillêhi rabbi-l-‘alamin » (Sourate 37 Saffat, versets 180-181-182).

Quelques Questions/Réponses liées au ‘Asrou

Q. 68 : Qu’en est-il pour le fait que les femmes ne se rassemblent qu’entre elles (en groupe) pour accomplir le ‘Asrou du vendredi après le ‘Asr  ?

R. 68 : Les femmes n’ont pas à se rassembler pour le ‘Asrou, ni pour la Wadhifa, mais chacune d’entre elles les évoque individuellement dans sa maison et à voix basse. Il ne leur est pas permis de se réunir entre elles, ni d’accomplir à voix haute leur dhikr, car la voix est une intimité et cela doit être dissimulé autant que possible. Tout le bien est dans le suivi et tout le mal est dans les inventions. (Cheikh Nadhifi) (à part pour les cas mentionnés dans les devoirs du Wadhifa)

Q. 69 : Peut-on rattraper (Qada) le ‘Asrou si on a oublié de l’accomplir le vendredi ?

R. 69 : Le Asrou ne peut se rattraper une fois son temps d’accomplissement passé.

Il est rapporté dans Ifadat-l-Ahmediya que Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a dit : « Le Dhikr du Joumou’a après le ‘Asr (Heïlala) si son temps est passé, il ne se rattrape pas ».

Sidi Taïeb Sefiani (qu’Allah l’agrée) a commenté en disant : « Contrairement au Ouird (Lazim) et au Wadhifa qui doivent toujours être rattrapés ».

Sidi Mohamed El Hafidh Tidjani a ajouté : « Car pour le Ouird et la Wadhifa, on fait le vœu (Nadhr) de les rattraper alors qu’il n’y a pas de vœu pour le rattrapage du Dhikr du vendredi. Or il est un devoir de se conformer au vœu accompli ».

Q. 70 : Que doit faire un groupe qui accomplit la Wadhifa le vendredi avant le Maghreb et qui constate que s’ils continuent leur Wadhifa, ils ne pourront pas effectuer le ‘Asrou dans son temps ?

R. 70 : S’ils constatent effectivement qu’en complétant la récitation de la Wadhifa, ils ne pourront pas accomplir le ‘Asrou dans son temps, alors ils arrêtent la Wadhifa et ils débutent leur ‘Asrou jusqu’au Maghreb, puis ils prient la prière du Maghreb et après le salut final ils complètent ce qui leur manquait du Wadhifa directement (et individuellement) sans entamer les dhikr après les prières. Après avoir fini, ils pourront accomplir les dhikr d’après les prières. (Cheikh Ahmed Tidjani Chinguitti)

Q. 71 : Que doit faire celui qui ne trouve pas de groupe pour accomplir le ‘Asrou ?

R. 71 : Il doit se conformer alors à la parole de Seïdina Ahmed Tijani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) qui a dit : « Celui qui ne trouve personne pour faire le dhikr du vendredi, qu’il évoque seul de 1000 à 1600 fois la Heïlala ». (Ifadat-l-Ahmediya)

Q. 72 : Quelle est la règle concernant celui qui rejoint en retard le groupe récitant le ‘Asrou, est-ce qu’il lui suffit ce qu’il a récité avec eux si c’est moins de mille ou doit-il compléter ce qui manque ?

R. 72 : Celui qui rejoint en retard le groupe récitant le ‘Asrou, il récite avec eux jusqu’à ce qu’il finisse et s’il termine à l’heure du Maghreb alors ce qu’il a récité lui suffit, mais s’il reste du temps il doit alors compléter ce qui lui manque ou au moins jusqu’à atteindre mille grains et pas moins. (Sidi Mohamed ibn Hasan Jakani)