mardi, mai 14, 2024
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Les dégâts des mots, tiré du livre «Ihiya ‘Uloum ad-Dine» de l’Imam Abou Hamid Al Ghazzali

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L indécence de la médisance

Il serait long d’expliquer les blâmes relatifs à la médisance. Pour commencer, nous exposerons d’abords les témoignages de la loi religieuse à ce sujet. Ainsi, Allah  l’a blâmé dans Son Livre révélé. IL a comparé le médisant à celui qui dévore une charogne: Il a dit : « …Et ne médisez pas les uns des autres, L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort? (Non!) Vous en aurez horreur,…. » (Coran19/12)

Et le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Tout ce qui appartient à un musulman est illicite pour les autres musulmans son sang, ses biens son honneur »

La médisance touche surtout l’honneur de la personne, mais vu ses effets, Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– l’a associé dans ce hadith aux biens et au sang.

D’après Abou Barza –qu’Allah l’agrée-, le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Ne soyez pas jaloux les uns des autres, ne vous haïssez pas, ne vous accusez pas de débauche, ne tournez pas le dos les uns aux autres, ne médisez pas les uns des autres, et soyez des serviteurs de Dieu, frères entre vous. »

Et d’après Jaber et Abi Said –qu’Allah l’agrée-, le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Prenez garde a la médisance, elle est plus dangereuse que l’adultère, car l’homme s’il commet l’adultère peut se repentir et à Dieu, d’accepter son repentir, alors que le médisant ne serait pardonné par Dieu que lorsque celui qu’il a médit lui aurait pardonné »

Anas –qu’Allah l’agrée– rapporte que l’Envoyé de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « J’ai passé lors du voyage nocturne, près de certains gens qui griffaient leurs visages.  J’ai dit : “Qui sont ces gens-là O Gibril ? Ce sont dit-il ceux qui médisent des gens et portent atteinte a leurs honneurs. »

Salim Ibn Jaber –qu’Allah l’agrée– a dit : « Je me suis adressé au Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– et je lui ai dit : “Apprends-moi quelque chose qui me sera profitable, et il me dit : “Ne dédaigne rien des actes méritoires, même s’il s’agit de frotter le récipient du puits public, ou de rencontrer ton frère le visage souriant et quand il s’en va de ne pas médire de lui. »

Al Baara –qu’Allah l’agrée– a dit : « Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– nous a fait un serment (à voix élevée), au point que les vieilles personnes de chez elles l’ont entendu, il a dit : “O, Vous groupe de ceux qui ont la foi au bout de la langue et non dans le cœur, ne médisez pas des musulmans, et ne cherchez pas à dévoiler leurs intimités.

 Ne suivez pas les traces de leurs défauts pour les dévoiler, car celui qui s’applique à dévoiler l’intimité de son frère, Dieu lui dévoilera son intimité et l’exposera a la honte dans sa propre demeure. »

On rapporte que Dieu a révélé à Moussa –‘alahyhi sallam– « Celui qui meurt en s’étant repenti de la médisance, sera le dernier a rentrer au Paradis et celui qui meurt en persistant dans la médisance, alors il sera le premier à entrer en Enfer. »

Anas rapporte que l’Envoyé de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a ordonné un jour aux gens de jeûner, il leur avait dit : « Que personne ne rompe le jeûne sans mon autorisation. »

Alors les gens ont jeûné, et à la fin de la journée, chacun vient et dit : Ô Envoyé de Dieu j’ai jeûné, autorise-moi à romptre mon jeûne. Et l’Envoyer de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam-, ainsi un à un les hommes sont venus demander l’autorisation, jusqu’à ce qu’un homme vienne et dise : Ô Envoyé de Dieu, il y a deux jeunes filles de ta communauté qui ont jeûné, elles ont de la pudeur à venir ici, alors autorise les à rompre le jeûne.

Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– s’est détourné de lui, l’himme lui a demandé à nouveau et le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– s’en est détourné une deuxième fois. A la troisième fois, le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– lui dit : « Ces jeunes filles n’ont pas jeûné, comment pourrait jeûner celui qui passe sa journée à manger la chair des gens ! Vas leurs ordonner de vomir si elles croient jeûner (vraiment). »

L’homme est parti vers les deux jeunes filles et les informât. Celle-ci, vomirent alors, et chacune d’elles a vomis un caillot de sang. De retour il raconta ce qui s’est passé au Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– qui dit : « Par Celui qui détient mon âme en sa main, si ce sang était resté dans leurs ventres, le Feu les aurait dévorées. » »

Et dans une autre version : « Quand le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– se détourna de l’homme, celui-ci partit, revient plus tard et dit : – « Ô Envoyé de Dieu, par Dieu elles meurent ! Ou presque.. » Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– lui dit : « Qu’on me les ramène. »

Les deux jeunes filles sont venues et le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– demanda à l’une d’elles : « Vomis ! » Et elle a vomi du pus et du sang, de quoi remplir un récipient, puis il a demandé à l’autre de faire de même et elle l’a fait.

Alors le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– dit : « Ces deux jeunes (filles) ont jeûné en s’absentant de manger ce que Dieu a rendu licite et mangent ce que Dieu a déclaré illicite (la chair des gens en médisant d’eux), elles se sont assises l’une près de l’autre et ce sont mise à manger la chair des gens. 

Anas rapporte que l’Envoyé de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– parla dans un serment de l’usure et il a évoqué la gravité de sa pratique, puis il a dit : « Un Dirham d’usure, est plus grave auprès de Dieu que trente-six fois l’adultère pour un homme, et le degré le plus élevé de l’usure est l’attenter à l’honneur (l’intimité) d’un musulman »

Et Jaber –qu’Allah l’agrée– a dit : « Nous marchions avec l’envoyé de Dieu  quand il passa près de deux tombes dont les habitants étaient exposés au châtiment et le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : “Ces deux personnes sont châtiées et elles ne le sont pas pour grand-chose, l’une d’elles médisaient des gens et l’autre ne s’essuyait pas après avoir uriné.” » 

Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– demanda une branche de palmier verte (ou 2 branches). Il les a cassées puis il a ordonné qu’on les plante sur chacune des deux tombes et il dit : « Leur châtiment sera allégé tant que ces pétioles seront verts. » 

Lors de la lapidation de Maaiz ; « Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a entendu un homme dire a son ami : “Celui ci est mort comme un chien”.  Après cela alors que les hommes étaient avec le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– passant devant une charogne, il leur dit : “Dévorez-la!”. Ils ont dit, O Envoyé de Dieu, allons nous manger une charogne?

  Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) leur a dit: “Ce que vous avez mangé de votre frère (par diffamation et médisance) était plus puant que cette charogne. »

Les compagnons –qu’Allah les agrée– du Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– fréquentaient les gens mais ne médisaient jamais des absents, et ils voyaient dans leur attitude une des meilleures œuvres, et dans le cas contraire, de l hypocrisie.

Abou Hourayra –qu’Allah l’agrée– raconte que : « Celui qui mange dans sa vie la chair de son frère (en médisant de lui), on la lui redonnera le jour de la Résurrection, et on lui dira mange la chair (de ton frère) après sa mort comme tu la mangeais de son vivant. Alors il en mange et il prend un air maussade et ses traits s’assombrissent »

Abou Hourayra –qu’Allah l’agrée– rapporte également : « Deux hommes étaient assis devant la porte de la mosquée quand un ex-efféminé passa près d’eux et ils se sont dit alors : “Il garde toujours les traces de son passé”. L’appel a la prière fut fait, ils entrèrent et prièrent avec les gens, après quoi ils ont eu des remords, et ont consulté ‘Ata, qui leur a demandé de refaire les ablutions et la prière et de refaire le jeune s’ils jeûnaient. »

Et d’après Moujahid –qu’Allah lui fasse Miséricorde-, l’interprétation du verset dans lequel Dieu dit : « Malheur a tout calomniateur, diffamateur… » (Coran, 104/1):

  • Le calomniateur (al-Houmazah): C’est quelqu’un qui lance envers les gens des propos injurieux.
  • Le diffamateur (Al-Loumazah) : Celui qui mange la chair des gens. »

Qatada –qu’Allah lui fasse Miséricorde– a dit : « Le châtiment de la tombe se compose de 3 tiers: un tiers a cause de la médisance, un tiers a cause de la calomnie (namima) et un tiers a cause de l’urine. »

Al Hassan –qu’Allah lui fasse Miséricorde– a dit : « Par Dieu, la médisance détruit la foi du croyant plus vite que les mangeurs pourraient finir un festin. »

Certains ont dit : « Nous avons fréquenté nos prédécesseurs (salaf), ils ne voyaient l’adoration (ibadat) ni dans le jeune ni dans la prière mais dans le fait de s’abstenir de toute atteinte (médisance) a l’honneur et a l’intimité des gens ». Ibn Abbas –qu’Allah l’agrée– a dit : « Si tu es tenté d’invoquer les défauts d’un ami, alors souviens-toi de tes propres défauts. »

Abou Hourayra –qu’Allah l’agrée– disait : « L’un de vous voit les brindilles dans l’œil de son frère et ne remarque pas un tronc dans son propre œil !! » Al Hassan –qu’Allah lui fasse Miséricorde– disait également « O fils d’Adam, tu n’atteindras pas la vérité, la douceur de la foi tant que tu reprocheras a quelqu’un un défaut que toi même tu as.

Tu dois alors commencer par corriger tes défauts, corrige-les en toi même ainsi tes préoccupations principales seront pour toi. Les privilégiés de l’amour de Dieu sont ceux qui d’abords se préoccupent de corriger leurs défauts avant de faire des reproches à quiconque. »

Définition de la médisance

Sache que la médisance est le fait de parler de ton frère en des termes qui lui auraient déplu s’il l’avait su. Que ce soit en évoquant des défauts relatifs à son corps, son caractère, son origine, ses œuvres, ses paroles, sa vie ou sa religion et même en ce qui concerne ses vêtements, son foyer ou sa monture.

a) Médire du corps

C’est dire qu’il a les yeux chassieux (amach), qu’il louche, qu’il est chauve petit trop grand noir, pale, ou n importe quelle autre description déplaisante.

b) Médire de l origine

C’est dire d’une personne que son père est africain (nabati), hindou cordonnier éboueur libertin, ignoble ou d’autres qualifications qui lui seraient déplaisantes.

c) Médire du caractère

C et dire de quelqu’un qu’il est de mauvais caractère, avare orgueilleux, ostentatoire, trop coléreux, incapable, de cœur fragile, etc….

d) Médire de ses actes de foi

C’est de dire de quelqu’un qu’il vole, il ment, il boit de l’alcool, il est injuste, c’est un traître, il est négligent pour sa prière, ou sa zakat, ou dire qu’il ; ne parfait pas sa génuflexion (roukou’) ou son Soujoud, qu’il ne fait pas attention aux souillures, il n’est pas obéissant envers ses parents, il ne met pas sa zakat là où il faut et ne la gère pas bien, il ne fait pas attention lors de son jeune a la médisance et aux obscénités, il s’attaque à l’honneur des gens etc….

e) Médire de ses actes dans la vie

C’est dire : il est de mauvais caractère, il néglige les gens, il ne reconnait a personne le droit sur lui, il se croit ayant droit sur tout le monde, il mange beaucoup, il dort beaucoup, il dort a n importe quel moment de la journée, et s’assoit n’importe ou etc….

f) Médire d’une personne pour ses vêtements

C’est dire qu’il a une manche très large, ses vêtements sont sales, son habit est long etc….

Selon certaines opinions on ne commet pas de médisance quand on blâme les défauts dans la religion de quelqu’un, car on blâme ce que Dieu  a blâmé.

Alors il est permis de critiquer quelqu’un pour ses péchés et le blâmer . Et la preuve c’est que l’Envoyé de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– quand on lui a parlé d’une femme qui était pieuse et jeûneuse, mais qu’elle nuisait à ses voisins, alors l’Envoyé de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Elle est dans le feu. »

On évoque une femme auprès du Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– en disant qu’elle est avare. Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit d’elle : « Mais à quoi est-elle bonne alors ?! »

Mais ces arguments ne sauraient être valides pour autoriser une quelconque médisance, car ces gens citaient ces cas pour illustrer la demande de la vis du législateur au Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– et n’avaient nul besoin de diminuer ou de ridiculiser les personnes citées, et ils ne parlaient ainsi qu’en présence du Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam-.

Et la preuve en étant le consensus (ijma’) de la Umma (communauté). En effet il est établi qu’il est médisant celui qui parle d’autrui en des termes déplaisants a ce dernier, et cela est conforme à la définition qu’a donné le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– de la médisance.

Ainsi même avec la bonne foi, quand on évoque quelqu’un en des termes qu’il abhorre, on a médit de lui. On a mangé de sa chair et on a désobéi à Dieu, et cela est confirmé parce que l’on rapporte du Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– qui a dit: « Savez-vous ce qu’est la médisance ? » Les gens présents ont répondu : « Dieu et Son Messager –salla Allahou ‘alayhi wa salam– sont plus savants, le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– leur dit : « C’est de parler de ton frère en des termes qui lui déplaisent » Quelqu’un dit : « Et si ce que l’on dit de lui est vrai ? »


Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– lui dit : « Si ce que tu dis de lui est vrai alors tu as médit de lui, alors que si ce n’avait pas été vrai tu l’aurais calomnié. » Mou’adh Ibn Jabal a dit : « Un homme fut mentionné devant le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– et des gens ont dit : « Quel incapable ! »

Le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– « Vous avez médit de votre frere », ils ont dit : « Ô Envoyé de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– nous avons dit ce qui est en lui. » Il leur a dit : « Si vous aviez dit ce qui n’est pas en lui vous l’auriez calomnié. » »

D’après Hodhaifa –qu’Allah l’agrée-, « Aicha –qu’Allah l’agrée– a parlé d’une femme devant le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– et a dit : « Elle est petite de taille », le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– lui dit : « Tu as médit d’elle » »

Al Hassan –qu’Allah lui fasse Miséricorde– a dit : « Parler d’autrui peut ramener trois choses: “la médisance, la calomnie, ou le mensonge et tout cela est mentionné dans le Livre de Dieu.” »

  • La médisance est dire ce qui est en lui
  • La calomnie est dire ce qui n’est pas en lui
  • Le mensonge c’est de raconter ce qui vous advient (des gens) sur lui. 

Ibn Sirin –qu’Allah lui fasse Miséricorde– citant un jour un homme, il a dit de lui « Tel homme noir » puis il dit : « J’implore le pardon de Dieu, je me rends compte que j’ai médit de lui ». Ibn Sirin parlant a Ibrahim An-Nakhaai –qu’Allah leur fasse Miséricorde-, a mit sa main sur ses yeux au lieu de dire aveugle.

Aicha –qu’Allah l’agrée– a dit : « Que personne ne médise personne ! Car moi un jour j’ai dit d’une femme qu’elle a une robe longue et cela devant le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– qui me dit alors: “Vomis! Vomis! Et j’ai rejeté une bouchée de chair.” »[…]

16) La  calomnie

Dieu qu’Il soit exalté a dit : « N’obéis pas au jureur, au détracteur, semeur de calomnie ». Il a dit également : « Malheur à tout calomniateur diffamateur » (Coran, 103/1)

Il a dit aussi : « .. Tandis que sa femme, portant du bois, aura au cou une corde de fibres » (Coran, 111/4-5)

Il s’agit de la femme du mécréant Abou Lahab (que Dieu le maudisse). Dieu a dit d’elle qu’elle répandait la calomnie et qu’elle transmettait les propos des uns aux autres pour semer la discorde entre les gens.

L’Envoyer de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Aucun calomniateur n’entrera au Paradis ».

Définition de la calomnie (an-Namima) :

La calomnie c’est la révélation de ce qu’on n’aime pas qu’il soit révélé, peu importe que cette révélation soit détestée par le transmetteur du propos ou par celui qui le reçoit ou par un tiers, peut importe également que la transmission se face par le langage ou l’écriture ou l’allusion ou le signe qu’elle porte sur des actes ou des paroles et peu importe ou non qu’elle porte sur un défaut ou une tare chez celui qui est l’objet de cette calomnie. Car la réalité de la calomnie c’est la divulgation d’un secret et la violation d’une intimité qu’on n’aime pas qu’ils soient révélés. C’est pourquoi l’homme doit garder le silence à propos de tout ce qu’il remarque chez les gens sauf si son évocation peut apporter un profit à un musulman ou aide à repousser un acte de désobéissance, comme lorsqu’il voit quelqu’un qui prend l’argent d’autrui. Dans ce cas il doit en témoigner par considération pour le droit de celui qui est lésé. Les mobiles de la calomnie tiennent en ceci : « Ou bien c’est par désir de faire mal à celui qui en est la cible ou bien en répondant des propos calomnieux ou bien par désir de converser et de parler vainement. »

Aussi, celui a qui on rapporte une calomnie ne doit pas se hâter et la considérer comme une information véridique en raison de la parole de Dieu qu’Il soit exalté : « Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. » (Coran, 49/6)

Il doit interpeller ce calomniateur et le conseiller sans croire du mal de l’absent calomnié ou chercher à se renseigner à ce sujet. Al Hassan –qu’Allah lui fasse Miséricorde– a dit : « Celui qui te rapporte une calomnie ne fait que te calomnier. »

Ceci est une indication qui montre qu’on doit abhorrer le calomniateur, qu’on ne doit pas croire à sa parole, ni se fier à son amitié comment faire autrement, alors qu’il ne cesse de trahir et de semer la discorde entre les gens. D’autant plus qu’il s’emploie à trancher les liens que Dieu a ordonnés de maintenir et à semer le scandale sur la terre.

Dieu qu’il soit exalté a dit : « Il n’y a de voie de recours que contre ceux qui provoquent autrui et sèment l’injustice sur terre sans droit. » Or le calomniateur en fait partie. L’Envoyer de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Parmi les hommes mauvais il y a ceux que les gens évitent pour se soustraire à leur mal. »

Et le calomniateur en fait partie. On a demandé à Mohammad Ibn Ka’ab Al Quaradith –qu’Allah lui fasse Miséricorde– : « Quels sont les mauvais caractères qui font abaisser le fidèle ? » Il a répondu : « Parler beaucoup, divulguer les secrets, et accepter les propos de tout un chacun. »

Quelqu’un a dit : « Si ce que te rapporte le calomniateur se révèle vrai il serait celui ose t’injurier. Or celui qui est sa victime mérite mieux ta magnanimité par ce qu’il ne t’oppose pas des injures. »

17) Le double langage

L’homme au double langage est celui qui va et vient entre deux individus en animosité. Il tient à chacun d’eux des propos qui leurs plaisent en ce sens qu’ils confirment chacun d’eux dans leurs hostilité. Et leur dénigrement réciproque et qu’ils leur apportent la promesse de les soutenir réciproquement.

Or ceci relève des signes de l’hypocrisie. C’est vrai qu’un homme peut fréquenter deux individus en animosité et qu’il soit complaisant envers chacun d’eux en étant sincère et véridique dans ses propos. Dans ce cas il ne s’agit pas d’un homme au double langage, ni d’un hypocrite. Car il arrive qu’un homme puisse être l’ami de deux en animosité.

En revanche s’il transmet les propos de chacun d’eux à l’autre, c’est un homme au double langage et il est pire que le calomniateur. Par ce que le calomniateur le fait en sens unique, tandis que lui, il le fait dans les deux sens en ajoutant le fait de confirmer l’hostilité de chacun envers l’autre.

Cependant il reste vrai que celui qui subit l’épreuve de considérer l’une des deux parties à propos de certaines paroles en raison d’une nécessité ou par crainte d’être abandonné est excusable. Car éviter le mal est permis. Abou Darda –qu’Allah l’agrée– disait : « Il nous arrivait de louer certaines personnes en leurs présence alors que nos cœurs les maudissaient en secret. »

De meme ‘Aicha –qu’Allah l’agrée– rapporte ceci : « Un homme ayant demandé la permission d’enter chez lui, le Prophète –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit laissez-le entrer : malheureux est cet homme de compagnie Puis une foi entré, il lui a tenue des propos bien veillant. Après son départ j’ai dit : « Ô Envoyer de Dieu ! Tu as dit sur lui ce que tu as dit, puis tu as été bienveillant avec lui dans tes propos ? Il a répondu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– : « Ô ‘Aicha ! Le pire des hommes est celui qu’on honore pour éviter sa malfaisance. » »

Ceci est rapporté à propos de l’accueil du sourire en place d’un tel homme. En revanche il n’est pas permis de le louer, de le confirmer ou d’acquiescer avec la tête lors qu’il débite des propos vains et mensongers. Car on tomberait dans l’hypocrisie. Il convient plutôt de contester. Si l’on ne peut pas le faire avec la langue, au moins on doit le faire le cœur.

18) Les compliments

Complimenter et louer un homme est déconseillé dans certains cas. Quant à le critiquer et à le dénigrer. Cela relève de la médisance déjà traitée. Il reste que le fait de complimenter et de louer expose à six fléaux dont quatre se rapportent à celui qui loue et deux à celui qui est loué. S’agissant de celui qui loue :

  • Il risque d’exagérer dans ses compliments et de tomber ainsi dans le mensonge.
  • Il risque de s’exposer à la vilenie et à l’hypocrisie, car en louant il manifeste de l’affection et il se peut qu’il la ressente intérieurement ou qu’il n’y pas du tout en son for intérieur. Il devient par cette attitude un hypocrite.
  • Il risque de dire des choses qu’il ne réalise pas et qu’il ne peut nullement connaître et vérifier.
  • Il risque de contenter celui qu’il loue alors qu’il s’agit d’un homme injuste ou libertin. Or ceci n’est pas permis.

Al Hassan –qu’Allah lui fasse Miséricorde– a dit : « Celui qui invoque une longue vie pour un homme injuste aime qu’on désobéisse à Dieu sur terre ». S’agissant de celui qui est loué :

  • Ceci génère en lui de l’orgueil et de la fatuité qui sont destructeurs.
  • En recevant des compliments il se réjouit, se relâche, devient content de lui-même et ses exercices spirituels diminuent d’intensité.

Si le fait de complimenter et de louer est dépourvu de ces maux à l’endroit de celui qui loue et de celui qui est loué, il ne prête plus à conséquence et il devient même recommandé.

Cela dit, celui qui est loué doit faire très attention au fléau de l’orgueil et de la fatuité et à celui du relâchement et se rappeler qu’il connaît de lui-même ce que le louangeur ne peut connaître et que si tous ses secrets et les pensées qui le traversent se révèlent à son louangeur il cesserait de le louer. ‘Ali –qu’Allah l’agrée– disait lors qu’on le louait : « Seigneur ! Ne me blâme pas pour ce qu’ils disent, pardonne-moi pour ce qu’ils ne savent pas [et rends-moi meilleur que ce qu’ils pensent de moi.] »

Celui qui loue ne doit pas être affirmatif qu’après une longue expérience. Ayant entendu un homme louer un autre, le Calife ‘Omar –qu’Allah l’agrée– à dit au louangeur : « « As-tu voyagé avec lui ? Il dit non. Il lui demande encore : As-tu traité des affaires avec lui ? Il dit : Non. Il lui demanda encore : Es-tu son voisin, matin et soir ? Il dit : Non. Il lui dit alors : Par Dieu dont il n y a d’autre Dieu que Lui, je ne vois pas comment tu puisses le connaître ? ». »

Il est dit dans le hadith : « Si l’un de vous doit absolument vanter les mérites de son frère qu’il dise : « Je pense qu’untel est comme cela et Dieu est plus informé quant à lui et je ne puis témoigner de l’honorabilité de personne auprès de Dieu. Je crois – s’il lui connaît des qualités – qu’il possède telle et telle qualité. » 

19) Les fautes dans les expressions précises

Il convient d’attirer l’attention sur les fautes dans la formulation des expressions précises et sur leur négligence, notamment quand cela se rapporte à Dieu et à Ses Attributs. Donnons comme exemples ce qui est rapporté dans le hadith suivant : « Que l’un de vous ne dise pas : Ce que Dieu veut et ce que je veux. Qu’il dise plutôt : Ce que Dieu veut puis ce que je veux. »

Ceci par ce que la coordination totale constitue une forme de participation et d’égalité. Or ceci est contraire au respect. Ainsi Ibrahim Al Naha’i –qu’Allah lui fasse Miséricorde– détestait qu’un homme dise : « Je me réfugie auprès de Dieu et auprès de toi » ou « Sans Dieu et untel… »

Il permettait que l’on dise : « Je me réfugie auprès de Dieu puis auprès de toi ou : « Sans Dieu puis sans toi ». Ibn ‘Abas –qu’Allah l’agrée– disait : « Il arrive a l’un de nous de donner des associes à Dieu (youshrikou) et d’aller même jusqu’à Lui associé un chien en disant : Sans le chien on serait volé la nuit dernière. »

Le Calife ‘Omar –qu’Allah l’agrée– rapporte que l’Envoyer de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Dieu qu’Il soit exalté vous interdit de jurer sur la tête de vos parents. » Et ‘Omar –qu’Allah l’agrée– d’ajouter : « Par Dieu ! Je n’ai jamais juré ainsi depuis. »

Abou Hourayra –qu’Allah l’agrée– rapporte que l’Envoyer de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a dit : « Qu’aucun de vous ne dise : « Mon serviteur ou ma servante, car vous êtes tous deux serviteurs de Dieu et toutes vos femmes sont les servantes de Dieu. Qu’il dise : « Mon garçon et bonne. De même l’esclave ne dois pas dire : « Mon seigneur et ma Seigneurie. » Qu’Il dise plutôt : « Mon maître et ma maîtresse, car vous êtes tous les serviteurs de Dieu et Dieu est le Seigneur qu’Il soit exalté et magnifié. »

– « Ne dites à l’hypocrite : Ô maitre ! Car s’il se révèle être votre maitre vous subissez le courroux de votre Seigneur. »

20) Les questions des gens du commun à propos de certaines choses mystérieuses

Il est dans l’intérêt des gens du commun de s’adonner aux bonnes actions. Mais la curiosité est agréable au cœur. C’est pourquoi l’homme du commun aime verser dans la science, car Satan (que Dieu le maudisse) lui fait imaginer qu’il fait partie des gens su savoir et du mérite. Il ne cesse de lui faire aimer jusqu’à ce qu’il prononce, sans le savoir des propos relevant de l’impiété.

C’est pourquoi celui qui interroge sur un savoir mystérieux (‘Ilm al Ghayb) sans que sa faculté de compréhension n’atteigne un niveau requis pour cela encourt le reproche, car il fait partie des gens du commun par rapport à ce stade du savoir. En effet il est dit dans le hadith : « L’Envoyer de Dieu –salla Allahou ‘alayhi wa salam– a interdit de verser dans les ont dit, la dilapidation des biens et le questionnement en toute occasion. »

D’ailleurs, il y a dans le récit de Moussa et de Khidr –‘aleyhim sallam– un avertissement et l’interdiction de poser des questions inappropriées. En effet Khidr a dit à Moussa : « Si tu me suis ne m’interroges sur rien jusqu’à ce que je suscite pour toi d’en parler » mais lorsqu’il a obstrué le petit bateau. Moise a contesté son attitude avant de s’excuser ; « ne me reprends point d’avoir oublié et ne me soumet point à trop rude épreuve ! ». N’ayant pas pu se retenir puisqu’il a posé des questions à trois reprises, Khidr lui dit en fin de compte avant de le quitter : « Ceci marque la séparation entre moi et toi. » Ainsi le questionnement des gens du commun sur des choses mystérieuses de la Foi relève des pires fléaux et il convient de les empêcher de le faire.

Par Abou Hamid Al-Ghazzali (1058-1111), extrait de son grand livre: «Ihiya ‘Uloum ad-Dine»

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